3 jours à l'université de BBA, Algérie
Nov, 2012. Je pars pour un séjour d'un mois en Algérie, dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj, 200km à l'est d'Alger. J'en profite pour me rendre à la fac et prévoit d'y rester quatre jours, curieuse à l'idée de découvrir la vie étudiante algérienne.
Pour avoir un aperçu de la version officielle, voici le lien du site internet de la fac:
http://www.univ-bba.dz/
La réalité est bien différente. Première observation: les amphithéâtres sont sales et bondés.
Passons, car le pire est à venir. Je découvre la cité universitaire réservée aux filles.
Les étudiantes doivent partager des chambres de 10 m² à quatre. Sachant qu'il n'y a que deux lits par chambre, les deux dernières arrivées doivent dormir à même le sol sur des matelas, pour la plupart très sales. Cette situation entraîne souvent des disputes et des conditions loin d'être idéales pour étudier (un seul bureau par chambre).
Les résidences, qui datent de moins de trois ans, sont mal entretenues, les toilettes dans un état d'insalubrité total, bouchées ou inondées à cause de l'eau qui coule. Il n'y a qu'un voir deux tours de ménage par semaine et les douches communes ne sont pas accessibles librement.
Les filles m'expliquent que le nombre d'étudiante augmente d'année en année et le prix pour avoir une place dans une chambre est dérisoire (de l'ordre de 360 DZD par an soit environ 3,5€!) entrainant un manque de moyen, sachant que c'est une université publique.
Mais, on me fait également remarquer qu'il y a de nombreuses chambres inoccupées dans la cité universitaire réservée aux garçons, adjacente à celle des filles.
Concernant le restaurant universitaire: celui-ci est ouvert pour le petit-déjeuner, déjeuner et diner et est accessible grâce à des tickets vendus par dizaine pour la modique somme de 10 DZD (environ 10cts d'euro).
Le contre coup est qu'il n'y a pas de choix et pas de variété dans le menu proposé (pas de couverts mis à disposition non plus!). Mais une fois encore c'est le manque d'hygiène qui frappe, les lavabos sont bouchés et les tables non nettoyées (les restes du diner sont toujours là, le lendemain, au petit-déjeuner).
Finalement, je ne peux tenir que deux nuits dans cet univers étudiant, sans internet et sans vie culturelle aucune (les filles ne peuvent plus sortir de la cité une fois la nuit tombée).
Quelques jours plus tard, une étudiante me contacte pour me dire qu'elles ont entamé une grève et manifestent chaque jour devant le restaurant universitaire afin de réclamer davantage de moyen et un traitement plus égalitaire vis à vis des étudiants.
Car à travers cette expérience c'est surtout l'inégalité entre le statut d'étudiant et d'étudiante qui est le plus flagrant. Les conditions de vie des filles sont telles que certaines finissent par arrêter les études ou voient leur résultat chuter.
Sans compter que les perspectives d'embauche sont rares. Selon la Banque Mondiale, 75% des jeunes diplômés algériens de moins de 30 ans sont au chômage.
Dans ces conditions, trouver la motivation de terminer ses études devient difficile pour des femmes algériennes qui deviennent, quand même, de plus en plus visible dans la sphère publique.